Atelier de danse avec Le Marchepied
Vendredi 26 avril 2024 nous nous retrouvons au Studio 2, lieu désormais familier, pour un atelier de danse et mouvement, comme l’année dernière, avec de jeunes danseurs·euses récemment diplômés·es qui font partie de la compagnie tremplin du Marchepied. À la différence que comme les danseurs·euses changent chaque année sont présents·es ceux et celles que nous avons vus en présentation de création « Les Vagues » le 3 février.
La proposition postée sur le groupe suscite immédiatement de l’enthousiasme : Ana, Maria, Ruth, Nathalie, Grace, Arlette, Zara, Florence et Chris s’inscrivent, en plus des deux médiatrices. Finalement il y aura quelques désistements (rhume, mal de dos) dont le plus spectaculaire consiste en une arrivée d’une participante sur les chapeaux de roue en petite voiture noire dans l’impasse, et un départ orageux et réactif devant l’impossibilité de se garer à cet endroit précisément et à Lausanne en général.
Corinne Rocher et Nicholas Pettit nous accueillent avec leur lumière et leur souplesse habituelles, accompagnés par l’administratrice Natacha, prenant le temps que chacun·e arrive et se sente à l’aise. Nous commentons les améliorations du studio (isolation, lumières).
Invité·es à nous asseoir en cercle dans l’espace de danse, nous faisons un petit tour de présentations sous le signe de « venir d’ailleurs en Suisse », tant pour les danseurs·euses que pour les participant·es :
- Jérôme vient de Belgique, il s’est formé en Belgique et en Suisse, et va continuer les allers-retours, il a monté une compagnie avec le danseur de l’an dernier Antonin, un petit réseau se tisse.
- Nicholas vient d’Angleterre, passé par la France, et a vécu 25 ans en Suisse, pays qu’il continue à aimer, rencontrer des danseurs, et qui aime tellement son métier qu’il n’est pas prêt à arrêter.
- Luke vient de Malte. Il s’est formé à Zurich. Son français ne lui permet pas encore d’en dire plus sur son parcours. Il est très souriant et ouvert.
- Semina est grecque. Elle parle un français précis et ciselé. Comme elle voulait danser, elle a bien vu qu’il fallait partir et « risquer un peu » pour essayer de vivre de son art.
- Christian vient de Colombie, de Calí, la Capitale mondiale de la salsa !
- Anna est née à Milan, elle est à La Marmite depuis 6 ans.
- Zara vient du Maroc, elle vient à La Marmite tant que son travail le lui permet.
- Grace est en Suisse depuis 30 ans, elle vient d’Argentine. Elle aime voir les jeunes et s’encourager, elle aime faire de nouvelles expériences avec l’association. Ça lui « fait du bien de partager ».
- Nathalie est franco-suisse-amérindienne, elle a eu un accident dans l’enfance. Dans sa convalescence, la musique et la danse lui ont beaucoup apporté.
- Veronica vient de Venise, elle ose un petit peu parler français. Elle s’est formée à Zurich avec Luke.
- Zoé est la seule originaire de Suisse, elle vient de Neuchâtel. Elle s’est formée en danse contemporaine et street dance.
- Laura est comédienne, metteure en scène et médiatrice. Elle est argentine.
- Emilie est franco-suisse, formée en danse au même endroit que Corinne à Montpellier.
- Corinne est hispano-franco-suisse. Elle décrit son arrivée en Suisse il y a 25 ans pour le travail et le plaisir de sentir la sécurité, les opportunités de travail, la qualité du cadre de vie. Elle aime que les gens se disent bonjour, prennent le temps de se parler. Elle sent de la douceur, du respect, de l’attention, et ses projets professionnels se sont transformés en projets de vie.
Corinne nous présente le projet sur les Vagues, qui nous traversent, qui sont parfois puissantes, qui donnent de la connexion entre nous. Elle cite Virginia Woolf dont une œuvre porte ce titre. Ils ont travaillé sur un texte qui parle comme une inspiration d’ « aller ailleurs », de quitter. En travaillant sur la fluidité et la force, elle proposer de transformer le chaos de cette puissance en bienveillance, que l’espace commun soulevé devienne confortable pour tout le monde.
Une participante dit que « c’est vague » en savourant son jeu de mots.
Nous commençons à bouger chaque articulation, mené·es par Semina, puis nous faisons passer des vagues dans le corps, selon l’image proposée par Zoé. Elle nous fait parcourir différents lieux du corps, puis nous propose ensuite de dessiner des vagues avec nos corps, la main, la tête, genou. Ensuite, nous faisons de grandes vagues de haut en bas avec le regard qui suit, et la respiration, et nous visitons ainsi les niveaux de haut vers le bas.
Nous travaillons ensuite cette fluidité en déplacement, en lignes, en ajoutant de la connexion entre nous, en lignes de trois ou à deux. Puis nous intégrons des moments de « glace », de vagues figées, d’immobilité, changeant la texture du mouvement.
Dans un dernier moment mené par Jérôme, nous apprenons une danse comme une valse, avec des jeux de bras, connexion, regards, en comptant de 3 en 3. Puis nous terminons en improvisant sur une valse romantique.
Lors du retour, les participants mentionnent le corps détendu et chaud, la confiance, l’osmose à deux, « on sent tout le corps grâce aux sensations et à l’imaginaire ». Corinne se dit émerveillée de voir comment la qualité de mouvement est accessible à tout le monde, contrairement à la technique. En voyant la concentration, l’investissement à 100%, le déploiement de chaque corps, elle dit qu’elle aimerait faire un spectacle avec les participant·es de La Marmite, tout autant qu’avec les danseurs·euses de la compagnie. Les participant·es disent que les danseurs·euses leur permettent de danser, de se sentir à l’aise, tandis que les danseurs·euses se disent « portés par le groupe ». Nous retrouvons là la qualité d’accueil et d’interaction du Marchepied.
Le lendemain, une performance dans la rue est prévue. Deux participantes y vont par elles-mêmes, postent des images sur le groupe et sont saluées par les danseurs·euses. Au fil du temps, les intentions de La Marmite semblent se réaliser : développement de l’émancipation du groupe et de la liberté de chaque spectateur·rice. Une place est offerte à la demande d’Anna pour aller voir la création à l’Arsenic à Lausanne la semaine suivante. Le groupe ira en juin, à Vevey, pour la dernière rencontre de la saison.