Première rencontre à la salle communale de Mervelier
Pour ce parcours Angela Davis, La Marmite et le Théâtre du Jura se sont mis d’accord pour travailler avec une troupe de théâtre amateur du canton du Jura. Un animateur et metteur en scène de la région les aiguille vers la société théâtrale de Mervelier, avec qui il a monté "Münchhausen" en 2022. Selon lui, la troupe était ouverte à des propositions différentes, autres que les vaudevilles classiques souvent mis en scène dans ces contextes.
Après un contact par courriel avec les membres du comité de la troupe, une membre de ce comité et comédienne a été d’une grande aide pour rassembler les motivé·es à se lancer dans l’aventure : elle a contacté ces personnes, créé un groupe WhatsApp dédié au parcours, officié comme relais pour qu'un local dans le village puisse être utilisé pour les rencontres de La Marmite. Via le groupe WhatsApp, le calendrier des rencontres est trasnmis et le premier rendez-vous commun à Mervelier organisé au début du mois de février.
En ce début de parcours, le binôme en charge de la médiation, Noémie et Nicolas, semble percevoir que la proposition paraît orginale et peu commune pour la troupe de théâtre amateur. La thématique du parcours, à savoir l’émancipation féminine, suscite aussi quelques appréhensions : pourrait-elle générer des sentiments d’illégitimité ? Est-ce des hommes pourraient ne pas participer au parcours à cause d'elle ?
Noémie et Nicolas décident alors de concevoir un premier atelier qui traite du thème de manière ludique et qui ne soit pas clivant. Ils font l’hypothèse que le jeu théâtral peut être un moteur du parcours. Celui-ci se déploie à un moent où la troupe ne crée pas de spectacle. Le metteur en scène et animateur qui a agi comme relais leur a d'ailleurs glissé que les comédien·nes seraient probablement en recherche d’activités théâtrales...
9 février 2023. Nous nous retrouvons (Nicolas et Noémie) à 18h00 pour installer et préparer la salle en vue de cette première rencontre. Une des participantes nous ouvre la porte puis nous laisse installer tables et chaises.
À 19h00, huit membres de la troupe de théâtre amateur de Mervelier arrivent.
Nous commençons par faire un premier jeu en cercle afin de nous présenter. Chaque personne choisit une image parmi celles disposées au sol puis se présente en lien avec la photographie choisie (pourquoi ai-je choisi cette image ? que raconte-t-elle sur moi ?).
Après cette introduction, nous présentons rapidement l’association La Marmite ainsi que le parcours Angela Davis. Nous enchainons avec un deuxième jeu en cercle : chaque participant·e mime une activité typiquement masculine puis le groupe la répète. Ensuite, on refait un tour mais avec des actions typiquement féminines cette fois-ci. Nous rigolons bien et sentons parfois le malaise que ces clichés peuvent soulever.
Puis, trois groupes sont tirés au sort. Chaque groupe doit créer puis présenter une saynète avec un renversement de situation lié au genre. Là, quelques inégalités de genre apparaissent. Un groupe présente par exemple une situation d’une femme qui rentre avinée d’une soirée, sent mauvais et adopte un langage cru avec son mari resté au foyer. Enfin, nous séparons le groupe en deux et chaque équipe doit présenter une bande-annonce de Féminines, spectacle au programme de la prochaine sortie. Les seuls indices qu’ils et elles ont sur le spectacle sont les informations fournies par le programme de saison du Théâtre du Jura.
Nous terminons cette rencontre vers 20h30 avec un apéritif accompagné de musique : des chansons de blueswomen qui ont inspiré Angela Davis, comme Bessie Smith et Ma Rainey. La première chanson évoque notamment un renversement des rôles traditionnellement assignés au sein d’un couple hétérosexuel : la narratrice conseille dans le morceau Safety Mama d’exiger d’un homme "bon à rien" de s’occuper des tâches ménagères :
Make him stay at home, wash and iron /
Tell all the neighbors he done lost his mind
Une manière donc pour nous de faire un clin d’œil aux analyses présentes dans l’ouvrage Blues et féminisme noir autour de l’empouvoirement des femmes noires de la classe laborieuse étasunienne.
Cette première rencontre a piqué la curiosité des participant·es. On se réjouit de la suite.