Chaplin comme si c'était hier
Dernière rencontre de l’année. J’ai demandé aux participantes de s’inscrire sur le groupe Whatsapp comme les places sont limitées - le ciné-concert Les Lumières de la ville affiche complet et on se félicite d’avoir l’opportunité d’y assister grâce à La Marmite.
On se retrouve sous la pluie battante, devant le Museum d’Histoire naturelle. De là, le Théâtre du Passage n’est pas très loin. Je profite de l’attente pour sonder le groupe : quel horaire a leur préférence pour une rencontre-dialogue en janvier ? Les agendas de chacune varient grandement - semaine ou week-end, difficile d’en tirer une majorité. Le groupe s’est pourtant constitué, sans que je m’en rende vraiment compte : malgré les disponibilités aléatoires, je retrouve les mêmes visages à chaque sortie, l’enthousiasme ne s’éteint pas, l’engagement des participantes se solidifie d’une rencontre à l’autre. Tout cela présage une très belle suite pour 2023 : deux sorties qu’il reste à planifier, mais surtout les moments d’échanges et le processus de création - on aura matière à faire foisonner !
On pénètre dans le théâtre où la foule s’impatiente déjà. Je récupère les billets et dans les minutes qu’il nous reste, on échange nos questions et notre hâte de découvrir sur grand écran et accompagné de l’orchestre des Jardins Musicaux la création de Charlie Chaplin : Les Lumières de la ville. Lucie est une grande connaisseuse de l’œuvre du célèbre acteur-réalisateur suisse car elle a grandi avec. On s’interroge sur la composition : une création originale de Chaplin ? Une création contemporaine de l’orchestre ? Le directeur, qui prend quelques minutes pour nous introduire à l’œuvre, y répond très vite : création originale de Chaplin, qu’il aurait fredonné aux musiciens en charge de transcrire en notes les mélodies qui lui venaient.
Après la courte introduction, les lumières se tamisent et le ciné-concert commence.
Le comique de Chaplin n’a pas perdu de sa fraîcheur, les rires fusent dans la salle, et beaucoup partent de notre groupe. On a la chance d’être toutes assises les unes à côté des autres : on échange brièvement à voix basse, je perçois sur les visages que l’écran éclaire faiblement les sourires des femmes de RECIF. La fameuse scène finale est une perle : « Maintenant je vois. » Quand on s’engage à découvrir les richesses que recèlent les profondeurs humaines de l’Autre, c’est le premier credo de ne jamais s’arrêter - ni aux apparences, ni à la première impression, ni aux aléas de la communication, ni aux défis de l’entente. Une belle image à l’image du parcours neuchâtelois 2022-2023 : tous les horizons, tous les niveaux de langue, tous les parcours de vie réunis dans un groupe qui vit de la patience que chacune offre pour que l’échange se fasse et qu’il fasse du bien à toutes.
On sort sous la pluie battante. L’heure n’est pas encore à l’échange, aux retours sur les impressions et les émotions qu’on a vécues ensemble, mais toutes les femmes me quittent avec de chaleureux vœux pour la nouvelle année et une gratitude non feinte pour le cadeau que nous fait La Marmite : chapeau bas à la programmation pour ce beau parcours !