Cassin Barbara
Philologue et philosophe
Élève de Jean Beaufret, de Michel Deguy et de Pierre Aubenque, Barbara Cassin est docteur ès lettres et chercheur au C.N.R.S. Philologue et philosophe, elle travaille sur ce que peuvent les mots (Quand dire, c’est vraiment faire, Fayard, 2018). Ses recherches portent d’abord sur la sophistique et les présocratiques et, plus généralement, sur ce que la philosophie pose comme n’étant pas elle : sophistique, rhétorique, littérature (L’Effet sophistique, Gallimard, 1995).
Elle a proposé une édition, une traduction et un commentaire de quelques textes grecs fondamentaux dans cette perspective : le Poème de Parménide, le Traité du non-être de Gorgias, le livre Gamma de la Métaphysique d’Aristote. Elle met en rapport ce type de discursivité liée à la performance plus qu’à la vérité avec des pratiques contemporaines comme la psychanalyse et avec des inventions politiques comme la Commission Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud.
Chaque langue et chaque culture impliquant un certain rapport au monde, elle travaille sur la différence des langues et sur le savoir-faire avec ces différences qu’est la traduction. Elle a ainsi dirigé une œuvre collective, le Vocabulaire européen des philosophies – Dictionnaire des intraduisibles, qui traite des symptômes que sont les intraduisibles – non pas ce qu’on ne traduit pas, mais ce qu’on ne cesse pas de (ne pas) traduire : on philosophe non seulement en concepts, mais en mots. Ce travail monumental se trouve à son tour traduit, c’est-à-dire réinventé, en une dizaine de langues.
Elle accompagne le Collège international de philosophie tout au long de son histoire, dirige des collections avec notre autre vigie Alain Badiou au Seuil puis chez Fayard, créé la Revue des femmes philosophes de l’Unesco et enseigne dans les endroits les plus divers, en hôpital de jour pour adolescent⸱e⸱s psychotiques comme dans les universités étrangères les plus prestigieuses.
Citoyenne d’honneur de la ville de Sao Paulo, elle a reçu en 2012 le Grand Prix de philosophie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre et, en 2018, la médaille d’or du C.N.R.S. Elle a été élue à l’Académie française, le 3 mai 2018, au fauteuil de Philippe Beaussant (36e fauteuil), et reçue le 17 octobre 2019 par Jean-Luc Marion.